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Górnik Zabrze — Né de la poussière, forgé dans le feu, réveillé par un fils prodigue

  • Photo du rédacteur: Jo
    Jo
  • il y a 3 jours
  • 5 min de lecture

L’histoire commence en décembre 1948, dans une Haute-Silésie encore meurtrie par la guerre. Les rues sont grises, les mines tournent à plein régime, et Zabrze vit au rythme des sirènes et des lampes de casques. C’est dans ce décor que Julian Gajdzicki décide de rassembler quatre petites équipes locales — Concordia, Zjednoczenie, Pogoń et Skra — pour n’en faire qu’une : le Górnik, le mineur.


L’idée n’est pas seulement sportive. Il s’agit d’un projet social : offrir un club à la ville, un symbole d’unité dans une époque de reconstruction. Filip Sieroń, premier président, donne au Górnik une identité d’emblée populaire, avec douze sections sportives et une ambition simple : faire vibrer les mineurs.


Le 27 février 1949, pour son premier match médiatisé, le Górnik Zabrze perd 2–1. Mais l'essentiel est aillleurs. Le club vient d’allumer une flamme qui ne s’éteindra plus.


Très vite, le club de Haute-Silésie devient un géant du football Polonais. À la fin des années 50, l’équipe grimpe en première division et adopte un style à son image : dense, combatif, sans concession.

Le premier titre arrive en 1957, puis la domination se met en place. Entre 1959 et 1972, le Górnik ne quitte presque jamais les hauteurs du classement. Le club enchaîne les titres, dont cinq consécutifs entre 1963 et 1967, un record.


1969-1970 reste une saison mythique. Le club de Zabrze, porté par sa force collective et l'âme de sa ville, file jusqu’à la finale de la Coupe des Coupes, après un parcours héroïque. La demi-finale contre la Roma entre dans la légende : après plusieurs matchs nuls, sans tirs au but à l’époque, la qualification se joue… à pile ou face.


Une pièce lancée en l’air.

Un silence dans toute la Silésie.

Et le Górnik passe.


La finale, perdue 2–1 contre Manchester City à Vienne, ne brise pas la magie. Les supporters savent qu’ils ont vécu une aventure unique : un club ouvrier qui devient, l’espace d’un printemps, un titan d’Europe.


Le vent tourne dans les années 70. L’économie polonaise, longtemps soutenue artificiellement par le modèle industriel d’État, commence à se fissurer. La productivité chute, les mines s’essoufflent, les salaires stagnent.

À Zabrze, les lampes des mineurs éclairent encore les visages noirs de poussière… mais la confiance s’évapore. Celui qui avait bâti sa puissance sur ce tissu industriel solide, en ressent immédiatement les secousses. Les dirigeants changent, les budgets s’amenuisent, les infrastructures vieillissent sans être rénovées. L’ogre des années 60 devient lentement un club vulnérable.


En 1978, l’impensable se produit : la descente.


Pour la première fois, les supporters voient leur club tomber en deuxième division. Ce n’est pas seulement une chute sportive — c’est un choc identitaire. La Silésie avait l’habitude de regarder son club comme un phare ; le voilà à genoux.


Heureusement, la chute n’est pas longue. Le club remonte rapidement, porté par son incroyable bassin populaire et par un orgueil farouche. Mieux : dans les années 80, le Górnik retrouve même un certain lustre, remportant plusieurs titres nationaux et jouant à nouveau un rôle majeur dans le football polonais.


Mais ce rebond n’est qu’un sursis...


Car vient ensuite la décennie la plus complexe de son histoire : les années 90. Le communisme a pris fin, le pays bascule peu à peu vers l’économie de marché. Les mines ferment les unes après les autres, les grandes entreprises d’État se désengagent du sport, les villes doivent réapprendre à vivre sans subventions massives.


Le club des mineurs, historiquement dépendant des financements publics et industriels, se retrouve brutalement livré à lui-même. Les dettes s’accumulent. Les meilleurs joueurs partent. Les dirigeants se succèdent à un rythme inquiétant, chacun essayant d’éteindre l’incendie sans véritable vision.

Par moments, le club semble littéralement au bord du gouffre — à deux doigts de disparaître.


Puis arrivent les années 2000-2010 : un long combat, presque un siège permanent.

  • Crises financières à répétition, parfois mensuelles, parfois quotidiennes.

  • Résultats irréguliers, incapables de créer une dynamique positive.

  • Stade vieillissant, devenu un fardeau aux normes dépassées.

  • Tensions internes entre administrateurs, investisseurs, municipalité et supporters, chacun voulant sauver l’institution à sa manière.


On cherche des solutions. On en invente d’autres. On survit.

En 2007, une bouée inattendue arrive : Allianz Polska devient actionnaire majoritaire. Pour certains, c’est l’espoir d’un renouveau moderne ; pour d’autres, une reconstruction trop lente, trop timorée. Les résultats ne suivent pas vraiment, les investissements restent limités, les problèmes structurels demeurent.


Le véritable tournant survient finalement en 2011, lorsque la ville de Zabrze reprend les rênes du club. Ce n’est plus seulement une opération financière : c’est une reprise en main émotionnelle. La ville décide de sauver son symbole.

Alors commence un chantier titanesque :

  • assainir des finances chaotiques,

  • réorganiser l’administration,

  • relancer l’académie, dont les murs avaient perdu leurs couleurs,

  • et surtout construire une nouvelle enceinte, moderne, ambitieuse, capable de redonner du souffle économique au club.


L’Arena Zabrze sort de terre, tribune après tribune, comme une cathédrale qu’on rebâtit pierre par pierre. Le club respire, lentement. Il devient plus stable, plus professionnel, plus robuste.

Mais malgré les efforts, il manque encore quelque chose. Un visage. Un symbole. Une âme capable de rallumer l’étincelle.


Ce quelque chose — on le sait maintenant — arrivera en 2021, avec le retour du fils prodigue.


Un jour, je viendrai jouer au Górnik - Lukas Podolski

Un matin de 2021, la rumeur traverse Zabrze comme une décharge électrique : « Podolski arrive. »


Lukas Podolski, champion du monde 2014, star de la Mannschaft, homme aux 130 sélections… Oui, lui.

Mais pour les Silésiens, il est d’abord Lukasz, le gamin né à Gliwice, élevé à Zabrze, celui qui passait devant le stade en rêvant d’y jouer un jour.


Ce jour arrive. Le stade explose de joie, comme si une part de l’histoire venait se poser sur sa pelouse.

Le plus impressionnant, ce n’est pas qu’un champion du monde signe à Górnik à 36 ans. C’est tout ce qu’il apporte avec lui.

Même à un âge avancé, Podolski élève le niveau :

  • il guide les jeunes,

  • il inspire les anciens,

  • il fait remonter le Górnik dans les tribunes, dans les médias, dans les conversations.


Son influence dépasse les statistiques. Il change l’atmosphère du club.


Je veux gagner. Je veux que Górnik retrouve le sommet. - Lukas Podolski

Podolski n’est pas venu pour une tournée d’adieux. Il investit, s’implique dans la gouvernance, pousse pour moderniser une institution encore marquée par sa structure municipale.

Son idée :stabiliser le club, attirer des investisseurs privés, diversifier les revenus.

Il encourage la reconstruction de la formation, veut importer les méthodes allemandes dans une région où le football a toujours été une fierté locale. Il veut faire de Zabrze un centre de talent régional, une alternative aux clubs plus riches.


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Grâce à lui :

  • Le Górnik regagne une visibilité internationale,

  • les sponsors reviennent,

  • les médias allemands s'intéressent au club,

  • le merchandising explose.


Podolski rend le club de Zabrze à nouveau visible — ce qui, en football moderne, est une forme de puissance.

Il pousse pour finaliser la 4ᵉ tribune du stade, indispensable pour remplir les caisses et s’inscrire dans le football contemporain. Il parle du Górnik comme d’un moteur pour toute la ville, un point d’ancrage économique et social.


Cette saison semble être la résultante des progrès constants du Górnik depuis le retour de l’enfant prodigue. Le club est leader du championnat après 15journees. Le restera-t-il jusqu'a la fin de la saison ?


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